Toutes les deux minutes, une femme meurt dans le monde du cancer du col de l’utérus, selon l’organisation mondiale de la santé. En Nouvelle-Calédonie, ce cancer est le cinquième plus fréquent chez la femme. Le taux d’incidence standardisé y est 1,9 fois plus élevé qu’en métropole, et 2,49 fois supérieur à celui de l’Australie ou de la Nouvelle-Zélande.
À l’échelle mondiale, le cancer du col de l’utérus est le 4ᵉ cancer le plus fréquent chez les femmes. Pourtant, en 2024, la couverture vaccinale contre le HPV dans le monde reste limitée, atteignant seulement 27 %.
Ce cancer, qui est le plus souvent silencieux à ses débuts, est dans plus de 95 % des cas causé par le papillomavirus humain (HPV), un virus sexuellement transmissible.
Cette famille de virus, regroupe plusieurs centaines d’HPV et peut infecter la peau et/ou les muqueuses chez les personnes des deux sexes. En effet, il existe les HPV à tropisme cutanée (engendrant des verrues plantaires par exemple) ou à tropisme muqueux.
Les HPV à tropisme muqueux, se divisent en deux sous-familles :
- famille des virus dits « à bas risque oncogène » (HPV 6, 11) : ils peuvent par exemple générer des verrues génitales appelées aussi « condylomes » ;
- famille des virus dits « à haut risque oncogène » (HPV 16, 18, 31, 33, 45, 52, 58) : ils peuvent générer des lésions pré-cancéreuses puis cancéreuse du col de l’utérus mais aussi de la vulve, de l’anus, du pénis et des voies aérodigestives supérieures (cavité buccale, oropharynx et amygdales).
Le port du préservatif contribue à la prévention anti-HPV mais ne permet pas une protection complète lors d’une exposition. Ainsi, on estime que 80% des personnes (hommes et femmes confondus) sont infectées au cours de leur vie. Ce virus peut être éliminé naturellement par le corps grâce au système immunitaire. Cependant, dans 10% des cas, le système immunitaire est dépassé et n’arrive pas à éliminer le virus appartenant à la famille des virus dits « à haut risque oncogène ». Dans ce cas, cela peut aboutir au développement d’un cancer plusieurs années après l’infection.
Les rapports sexuels à un âge précoce, une multiplicité des partenaires, le tabagisme et l’immunodépression sont des facteurs de persistance de l’infection et cofacteurs de la cancérogénèse.
Ce virus, peut aussi être transmis de façon verticale au moment de la naissance du nouveau-né. Si une telle transmission a lieu, cela peut entrainer une « papillomatose laryngée juvénile » chez le nouveau-né (une maladie qui se caractérise par une atteinte des cordes vocales dont le symptôme principal est la dysphonie). Si le virus incriminé dans la papillomatose fait partie des virus « à haut risque oncogène », se rajoute à cette maladie un risque pour l’enfant de développer un cancer HPV induit au cours de sa vie.
- Il est possible de prévenir ces maladies par trois actions en Nouvelle-Calédonie :
la prévention des facteurs de risques (grand nombre de partenaire sexuel, IST, tabagisme, surpoids/obésité, alcool, stress, système immunitaire affaibli, …) - La vaccination anti-HPV (lien vers la page vaccination): pour les filles depuis 2011 et pour les garçons depuis 2022 entre 9-14 ans*
- Le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus pour les femmes entre 25 et 65 ans sans antécédent personnel, gratuitement.
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Pour se faire, le programme s’appuie sur la stratégie mondiale visant à accélérer l’élimination du cancer du col de l’utérus comme problème de santé publique d’ici 2030. Cette stratégie repose entre autres sur 2 objectifs clés : 90% des jeunes filles entièrement vaccinées contre l’HPV à l’âge de 15 ans 70% des femmes dépisté.
*Il est possible de réaliser un rattrapage jusqu’à 19 ans chez les deux sexes et 26 ans chez certains garçons en Nouvelle-Calédonie.
Les recommandations de la Haute Autorité de Santé du 13 mai 2025, incitent au rattrapage chez les deux sexes jusqu’à 26 ans. Ces recommandations ont été transmises à la DASS et à la CAFAT pour étude avant application territoriale.
Quelques repères calédoniens
1994 : délibération n°490 du 11/08/1994. Le dépistage du cancer du col est reconnu comme une priorité de santé publique.
2011 : préparation de la première campagne de dépistage organisé du cancer du col de l’utérus par l’ASSNC.
2013 : délibération n°261 du 24/01/2013 portant sur les modifications de la délibération n°10 du 8 septembre 2004 concernant le Fonds Autonome de Compensation en Santé Publique qui finance le dépistage.
2025 : délibération n°477 du 28 avril 2025 relative au fonds autonome de compensation en santé publique, qui finance le dépistage