Le rhumatisme articulaire aigu (RAA) est une maladie auto-immune faisant suite à une infection causée par le streptocoque β hémolytique du groupe A (SGA).

Le SGA est une bactérie responsable de 30 % des pharyngites chez l’enfant et le jeune adulte. Non traitée, ou passée inaperçue, cette infection peut se compliquer dans 3 % des cas par un RAA, et ce risque peut atteindre 50 % lorsque la personne présente une histoire antérieure de RAA. D’autres contextes, toujours liées au streptocoque, ont été mis en cause dans les cas de RAA, tels que les infections cutanées et la susceptibilité génétique, sans que les études ne parviennent à le démontrer de manière scientifique.

Le RAA est une affection aigue qui s’exprime par des manifestations cliniques et biologiques de type inflammatoire, mais qui peut également passer inaperçue ou être prise pour un simple épisode pseudo grippal. Elle cible principalement les cellules des articulations, des valves cardiaques et parfois celles du système nerveux, provoquant alors une chorée de Sydenham.

Son diagnostic est posé selon un algorithme très précis, à partir des critères de Jones. Ces derniers sont classés en critères majeurs et critères mineurs, et associés à une preuve d’une infection streptococcique (ALSO ASDOR élevés ou en cours d’augmentation)

Dans 60 à 65 % des cas, la phase aigüe laisse place à une séquelle cardiaque nommée cardiopathie rhumatismale chronique (CRC). Il s’agit d’une complication insidieuse qui évolue généralement à bas bruit et s’aggrave à chaque récurrence d’épisode de RAA. Elle provoque à terme de graves dysfonctionnements cardio-vasculaires nécessitant dans de nombreux cas un acte chirurgical pour éviter une issue létale. L’échocardiographie est l’examen par excellence qui permet son diagnostic ainsi que la gradation de sa sévérité, à partir de critères morphologiques et doppler définis par la Fédération mondiale du cœur (WHF) en 2015.

Toute poussée de RAA nécessite une hospitalisation afin de :

  • Poser le diagnostic à partir des critères de Jones alimentés par un bilan biologique, et une échographie qui déterminera s’il existe une atteinte cardiaque et, le cas échéant, évaluera son grade
  • Assurer le repos de la personne,
  • Traiter la crise et mettre en route le traitement préventif des rechutes.

Le traitement pour la prévention des rechutes et l’évolution des complications est la pénicilline. Dans sa forme injectable (l’Extencilline®), s’administre toutes les 3 à 4 semaines, avec 2 dosages différents (600 MUI ou 1,2 MUI) selon le poids du patient (plus ou moins 30 kg). Le dosage à 2.4 MUI n'est pas indiqué dans le traitement préventif du RAA.

La forme orale est réservée aux personnes sous anticoagulant, et en cas d’allergie avérée à la pénicilline, une autre molécule est utilisée. Elle peut être utilisée en dernier recours chez la personne refusant l’injection. Elle est cependant moins efficace, même quand la compliance est parfaite.

Ce traitement doit durer en général jusqu’à l’âge de 21 ans ou 10 années après la dernière poussée (l’option la plus longue est recommandée) et un suivi cardiaque et dentaire régulier doit être instauré.